Témoignages - reprise / cession d'entreprise

Reprendre à deux : « Etre complices ne fait pas tout ! » (Haute-Savoie)

Julien Coupat et Frédéric Masse, repreneurs du magasin Odlo à Annecy.

Vous avez repris ensemble le magasin Odlo d’Annecy en 2012. Qu’est-ce qui a motivé cette reprise ?

Nous sommes amis depuis longtemps. Nous pratiquons tous les deux le triathlon et avons organisé, ensemble, différents événements sportifs. Nous sommes sur la même longueur d’ondes et avions envie de travailler sur un projet commun. Nous connaissons bien le secteur d’activité d’Odlo. Frédéric était, de plus,  vendeur dans ce magasin depuis sa création. Nous sommes en fait devenus propriétaires du fonds de commerce qu’il gérait depuis 12 ans.

Etre amis et avoir l’envie, est-ce suffisant pour relever un tel challenge ?

Non bien sûr. La complicité ne suffit pas ! Il faut être complémentaire. Frédéric (42 ans) est orienté vente et négociation et Julien (37 ans) plutôt gestion et management. Nous nous retrouvons sur le marketing. Nous sommes tous deux passionnés mais réalistes. Nous échangeons beaucoup et sans tabou. Et les débuts sont plutôt prometteurs : nous affichons, sur nos deux premiers exercices, le meilleur chiffre d’affaires des 12 ans !

Comment avez-vous construit votre association?

Nous avons rencontré expert-comptable et notaire pour étudier nos statuts. Nous avons rédigé un pacte d’associés et créé « Pulsations », une société par actions simplifiés qui nous garantit une certaine souplesse. Nous sommes à 50-50. Julien, qui disposait de fonds, est pour l’instant majoritaire au capital mais Frédéric peut monter au prix payé lors du lancement pour atteindre, à terme, l’équilibre entre nous. Chacun a une voix dans les décisions. Tout notre projet, c’est une histoire d’hommes.

Etre à égalité ne risque-t-il pas de bloquer vos décisions le jour où vous serez en désaccord ? 

Nous faisons confiance à notre capacité à trouver intelligemment une solution de compromis. Mais franchement, nous n'envisageons pas une rupture qui nous amènerait à "couler" notre entreprise. Le principe de réalité dont nous avons parlé l'emporte : nous n'aurions aucun intérêt à bloquer la société.

Et aujourd’hui ?

Nous avons ouvert le 21 septembre à Lyon notre deuxième magasin Odlo. Nous avons, cette fois-ci, dû convaincre les banquiers pour obtenir un prêt. Nous avons fait l’erreur d’acquérir notre premier magasin sans emprunt. Nous ne pensions pas avoir besoin de financement aussi rapidement. Du coup, nous manquions d’apport pour le deuxième mais notre expérience et nos premiers résultats ont su convaincre !

Nous avons par ailleurs créé, avec nos pères respectifs, un magasin entièrement consacré à la chaussette (sport ville, adulte, enfants) à Annecy. Nous avons imaginé ce concept avec le groupe Falke, avec qui nous travaillions chez Odlo. Nous comptons le développer, à terme, en franchise. Au total à ce jour, nous avons créé cinq emplois, trois en CDI et deux en apprentissage.

Propos recueillis par Hélène Vermare